Fin de parcours pour les ordonnances réformant le code du travail ! Le Conseil Constitutionnel saisi de la loi de ratification par les députés de la Nouvelle Gauche, de la France insoumise et de la Gauche démocrate et républicaine (GDR) a rendu sa décision en fin d'après-midi. Pour l'essentiel, les Sages ont préservé les principales mesures des ordonnances qui leur étaient soumises.
Social
André Marcon, président honoraire des chambres de commerce et d'industrie de France et maire de Saint-Bonnet-Le-Froid a remis la semaine dernière au ministre de la cohésion des territoires, Jacques Mézard, et à la secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'économie et des finances, Delphine Gény-Stéphann, un rapport sur la revitalisation commerciale des villes petites et moyennes. Parmi les mesures proposées, certaines concernent le droit du travail.
En matière de durée du travail, il est proposé :
Soupçon de vol : l'employeur peut enquêter tant qu'il ne prive pas le salarié de sa liberté d'aller et venir
L'employeur, s'il est informé de faits répréhensibles susceptibles d'être sanctionnés, peut mener une enquête interne et recueillir les explications des salariés concernés. Quelle est l'étendue de ses pouvoirs durant cette phase d'enquête ? Peut-il retenir le salarié suspecté dans ses locaux le temps de procéder à l'enquête ? La réponse est oui mais cette phase doit être menée avec circonspection car l'employeur n'est pas un officier de police judiciaire et ne dispose pas des prérogatives attachées à ce statut !
Le retrait d'une part essentielle des prérogatives du salarié justifie une prise d'acte
Le salarié qui reproche des faits graves à son employeur peut prendre acte de la rupture de son contrat aux torts exclusifs de l'entreprise. C'est le juge qui vérifie si les faits reprochés sont suffisamment graves pour que la rupture soit imputée à l'employeur.
Rupture conventionnelle : le formulaire doit être remis au salarié
La Cour de cassation rappelle dans un arrêt du 7 mars 2018 que la convention de rupture conventionnelle est nulle dès lors l'employeur ne remet pas au salarié un exemplaire de la convention. Rappelons que la convention de rupture conventionnelle doit en effet être établie en trois exemplaire (dont un pour l'administration) et que la remise d'un exemplaire au salarié permet de garantir son libre consentement du salarié en lui permettant d'exercer ensuite son droit de rétractation en connaissance de cause.
Alors que le "bonheur au travail" est devenue un sujet d'étude et que l'on voit émerger une nouvelle profession, celle de "chief hapiness officer" (CHO) dans certaines entreprises, une étude de la Dares publiée la semaine dernière recentre la discussion autour du "bien-être psychologique" des actifs.
Dénonciation du reçu pour solde de tout compte : la saisine du conseil de prud'hommes n'interrompt pas le délai de prescription
Lors de la rupture d'un contrat de travail, l'employeur doit fournir au salarié solde de tout compte. Ce document fait l'inventaire des sommes versées au salarié lors de la rupture du contrat de travail. Lorsqu'il reçoit cette liste, le salarié signe le reçu pour solde de tout compte, avant de le remettre à son entreprise. A l'expiration d'un délai de six mois à compter de sa signature, le reçu pour solde de tout compte obtient un effet libératoire, c'est-à-dire que le salarié ne pourra plus contester les sommes qui y sont mentionnées.
Paiement des cotisations Urssaf : le taux de la majoration de retard complémentaire diminue
Alors que le projet de loi pour une société de confiance, actuellement en discussion au Sénat, instaure le principe d'un "droit à l'erreur", un décret du 9 mars 2018 aménage d'ores et déjà ce principe en diminuant le taux des majorations applicables en cas de retard de paiement des cotisations Urssaf.
Cotisation des non-résidents fiscaux : les précisions de l'Urssaf
Un décret du 6 mars 2018 a modifié les taux particuliers des cotisations d'assurance-maladie des revenus d'activirés et de remplacement des personne affiliées à l'assurance-maladie en France mais non résidentes fiscales.
Tolérance zéro alcool : le règlement intérieur doit viser des postes précis
Vin, bière, cidre, poiré. Le code du travail limite strictement à ces quatre cas les boissons alcoolisées pouvant être introduites sur le lieu de travail. L'employeur peut aller plus loin que cette simple tolérance, et insérer dans le règlement intérieur des dispositions qui limitent encore plus la consommation d'alcool par les salariés (article R.4228-20 du code du travail).